@BenoitBiteau @yjadot : Pourquoi sommes-nous pour le rejet de l'accord de libre-échange entre le MERCOSUR et l'Union européenne ?

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[Benoit BITEAU] Vidéo N°18050
La réponse est simple : c'est un accord stupide qui date d'une autre époque.

Les contours de cet accord de libre-échange ont été définis lors du Sommet entre l'UE et les pays d'Amérique du Sud qui s'est déroulé à Madrid le 15 décembre 1995 . Ce sujet avait été inscrit à l'ordre du jour pour une raison étrange : il n'y avait rien à discuter lors de cette rencontre. Cela peut paraître étrange, mais c'est la vérité simple et nue.

A cette époque en effet, l'encre des accords multilatéraux de l'OMC, signés en 1993 n'était pas encore tout à fait sèche. Le néolibéralisme à la sauce Reagan et Thatcher avait encore le vent en poupe. La libéralisation des échanges de produits agricoles commençait à peine à broyer des emplois paysans par millions dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Entre cette première rencontre de 1995 et la finalisation de l'Accord en 2019, vingt-cinq années se sont écoulées, soit un quart de siècle.

Des questions comme le réchauffement climatique et la perte de biodiversité n'étaient même pas discutées. Internet n'existait pas, pas plus que les réseaux sociaux, personne n'imaginait que nous allions nous retrouver avec un téléphone dans la poche qui permettrait de prendre des photos, recevoir ses emails, participer à des Visioconférences, faire des virements bancaires, regarder la télé et accessoirement passer un coup de fil. Pendant ces vingt-cinq années, les négociateurs de l'Union européenne et du MERCOSUR ont poursuivi leurs négociations, restant totalement indifférents à ce qui passait en dehors de la salle de réunion où ils étaient enfermés. Le résultat est tellement irréel qu'il est permis de se demander s’ils avaient accès à la presse, à la radio ou à un quelconque moyen d'information pendant ce quart de siècle. La logique de cet accord commercial n'est même plus compréhensible aujourd'hui. À tel point d'ailleurs que les parlements de deux pays de l'UE, les Pays-Bas et l'Autriche, adeptes pourtant du libre-échange, ont déjà voté des résolutions contre cet accord. Les sondages montrent que près de 3/4 des Européennes et des Européens, qui vivent tant bien que mal avec leur temps, sont opposés à cet accord. Ils considèrent, et la crise de la COVID19 qui est loin d'être terminée apporte de l'eau à leur moulin, que l'urgence est à la relocalisation des productions agricoles.

Avec cet accord, nous laisserions entrer dans l'Union européenne, 99 000 tonnes de viande bovine, 125 000 tonnes de viande de porc, 25 000 tonnes de viande de poulets et 180 000 tonnes de sucre ? Quel est l'intérêt alors que nous sommes produisons déjà trop de viande et que les cours du sucre sont au plus bas ? Quelle logique y a-t-il à autoriser les betteraviers à utiliser des pesticides dangereux, les néonicotinoïdes, si dans le même temps, on leur casse les reins en important du Brésil du sucre qui sera toujours moins cher que le leur ?

En continuant à importer des d'aliments OGM, nous participons directement à la déforestation de la forêt amazonienne, le poumon de la terre. Des centaines de milliers d'hectares partent en fumée chaque année pour laisser la place à la monoculture du soja. L'Accord de libre-échange avec ce groupe de pays est incompatible avec l'esprit et la lettre de l'Accord de Paris sur le climat. Nous n'arriverons jamais à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d'ici à 2050 si nous nous entêtons dans cette logique néolibérale.

La Commission européenne a finalisé cette négociation en juin 2019. Le Conseil européen devra se prononcer. La position de la France est de moins en moins compréhensible. Le rejet clair et net du gouvernement français est en train d'évoluer. Le Président Marcon et le ministre de l'Agriculture expliquent maintenant qu'ils ne signeront pas cet accord "en l'état". Mais même modifié, ce traité restera mauvais. Mauvais pour la planète, mauvais pour les paysans et mauvais pour les citoyens. Quelle que soit la décision qui sera prise par les chefs d'Etat et de gouvernement, l'Accord de libre-échange avec le MERCOSUR devra être ratifié par le Parlement européen. Je peux vous garantir que le groupe des Verts maintiendra sa position contre cet accord avec le MERCOSUR. Je suis convaincu que nous parviendrons à convaincre la majorité de nos collègues qu'il faut appuyer sur le bouton rouge à l'heure du vote. La bataille est loin d'être perdue !
[Benoit BITEAU]

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