Après les vins et un certain nombre de fromages français et européen, c'est au tour du Cognac d'être pris en otage par l'Administration Trump, un président dangereux et inquiétant comme l'ont montré les évènements d'hier à Washington. Les autorités américaines ont décidé d'augmenter les taxes de 25 % sur des produits agricoles français. Les producteurs charentais sont les victimes d'un conflit économique entre deux géants de l'aéronautique Airbus et Boeing. Bruno Le Maire s'est contenté hier de condamner la décision des États-Unis sans proposer aucune mesure concrète pour soutenir la filière du Cognac.
La querelle entre Boeing et Airbus date de plus de 17 ans. Chaque entreprise accuse l'autre de percevoir des subventions publiques cachées. L'Organisation mondiale du Commerce (OMC) a d'abord rendu un jugement l'année dernière dénonçant les aides reçues par Airbus. Cette décision permettait à l'administration américaine d'augmenter les taxes sur des produits européens à hauteur de 25 %. Trump a lancé une première salve de surtaxation touchant des produits agricoles. Coup dur pour les vins de bordeaux ou le roquefort. J'avais alors interpellé la Commission européenne pour utiliser le fond d'adaptation à la mondialisation.
Deuxième étape : en octobre 2020, l'OMC a jugé que Boeing percevait également des subventions non déclarées des autorités américaines. L'Union européenne a augmenté dans la foulée les taxes sur certains produits américains comme le bourbon ou certains rhums.
Troisième étape : en pleine campagne électorale, Donald Trump décide d'augmenter la pression sur l'Europe en annonçant une augmentation de 25 % des taxes d'importations d'autres produits agricoles, dont le Cognac déjà fortement impacté par la crise économique que nous traversons. Cette mesure prendra effet le 11 janvier 2021.
Ce conflit entre deux entreprises, Airbus et Boeing, se règle sur le dos de paysans qui deviennent les victimes non pas collatérales, mais centrales, d'une bataille commerciale qui ne les concernent pas.
Les règles arbitraires de l'OMC sont injustes et inacceptables. Les gouvernements français et allemands sont directement responsables de cette situation. L'état français a en effet 11 % des actions de l'avionneur européen, l'état allemand détient une part égale. En tout logique, les ministres des Finances de ces deux pays devraient mettre la main au porte-monnaie pour venir en aide au secteur agricole. L’Union européenne doit aussi agir et se positionner au niveau international pour une révision de l’OMC et notamment son volet agricole. Le Fond Européen d’Ajustement à la Mondialisation peut aussi être mobilisé. Les paysans souffrent de la mondialisation, et pourtant, je ne vois rien venir. L’inaction de la France, de l’Allemagne et de l’UE doit être dénoncée.
Benoît BITEAU